Visites
 

Mardi 04 Décembre 2007

J+37    Copacabana, Lac Titicaca
Passées les deux “cabanes à frites » qui font office de postes frontières, nous arrivons en Bolivie. Notre première étape sera Copacabana, charmante petite ville sur la rive Sud du Lac Titicaca. Il fait bon y flâner et certains gringos y ont a priori bien pris leurs marques, se mêlant aux petits vendeurs des rues pour proposer colliers et autres babioles. Le lac Titicaca, souvent présenté à tord comme le lac navigable le plus haut du monde (on en trouve à des altitudes plus élevées au Chili par exemple), se tient tout de même a 3820m ! Vestige d’une ancienne mer intérieure, il a une profondeur maximale de 457m et 230km de long pour ±100 km de large (encore plus grand donc que le lac des corbeaux à La Bresse, c’est dire !). Les villages traditionnels aymará qui bordent les rives du lac, avec en toile de fond les sommets enneigés de la Cordillera Real, composent un paysage magique. A la tombée du jour, je ne peux me soustraire à une petite ascension au Cerro Calvario pour contempler le lac au coucher du soleil. La promenade figure en fait le chemin de croix du Christ et l’on passe donc par 14 croix représentant son supplice. En tout cas, sans être supplicié, le spectacle qui m’attendit en haut fut miraculeux, pour ne pas dire divin…
PS : Les ordinateurs boliviens semblent souffrir du soroche (mal d’altitude) : débit très serein, incohérence totale de la ponctuation… excusez-nous donc si les nouvelles sont un peu moins fréquentes. Le pays de toutes les révolutions n’est pas encore passé par celle de l’informatique ;-)

 

Mercredi 05 Décembre 2007

J+39    Isla del Sol, Lac Titicaca
Quoi de plus exotique pour des Vosgiens que d’aller sur l’île où serait né le soleil ! En effet selon la légende, l’Isla del Sol constitue le berceau de plusieurs êtres vénérés. C’est là que le dieu blanc et barbu Viracocha ainsi que les premiers incas (Manco Capac et sa femme Mama Ocllo) apparurent mystérieusement à la demande du soleil. Soit. Aujourd’hui encore, pour bon nombre d’Aymará et de Quechua cette légende relate l’histoire de la création. Avec son lot de vestiges anciens (dont un curieux labyrinthe appelé Templo del Inca), ces petits villages traditionnels et ses sentiers de randonnées, l’île vaut le détour. Les roches, de la même façon y sont étonnamment colorées, toutes les couleurs du prisme lumineux semble être représentées : rouge, jaune, vert (trop fort ; le drapeau de la Bolivie…). L’Isla del Sol ne compte que 2500 habitants qui vivent essentiellement de la pêche et de l’élevage et un peu aussi du tourisme.
S’ajoute au mystère de l’île, la récente découverte de coffres en pierres contenant des objets mais aussi de murs d’enceinte, immergés à 8m de profondeur au nord de l’île, qui permet de penser qu’il y avait là une ville aujourd’hui engloutie : « une Atlantide bolivienne ?». Si la balade est agréable, on n’oublie pas longtemps que l’on se situe à 4000m et que le Soleil, natif des lieux, exerce ses pleins pouvoirs…

 

Vendredi 07 Décembre 2007

J+41    La Paz
Nous voici donc dans la capitale la plus haute du monde (3660m). Avec El Alto, la banlieue tentaculaire de La Paz, la ville compte environ 1,7M d’habitants (20% de la population bolivienne). Le centre historique est dans une cuvette géologique et la pollution est optimale, un peu comme à Mexico pour ceux qui connaissent. La Paz surprend, elle coupe littéralement le souffle… La ville compte aussi bien des quartiers où, disons-le, règne un « joyeux bordel », que des zones pavillonnaires très huppées. Vous me direz, c’est dans toutes les villes. Sauf que là, l’écart est assez aberrant !
Nous nous sommes baladés au sein du folklorique marché aux sorcières. Si vous cherchez un quelconque remède dérivé des sciences occultes, des médecines parallèles et surtout du « foutage de g… », ce marché vous ravira… Plus sérieusement, on peut donc y acheter des fœtus de lama (enterré dans les fondations de votre maison, il protégera votre foyer), des crapauds aux yeux dorés (ils vous apporteront fortune), toutes sortes d’amulettes, de lotions aphrodisiaques, qui conjureront le mauvais sort et vous dépouilleront miraculeusement de votre argent. Tout aussi fantasmagoriques, les gâteaux aux allures pourtant alléchantes, se révèlent au palais plutôt décevant. On est loin des gâteaux de Sébastien. Mais bon, niveau coloration, un point pour la Bolivie, ils sont magnifiques ! Le plaisir des yeux sans les kilos en trop, un concept tendance ! Si je n’ai pas eu encore le temps de vous parler des douches électriques (si, si !), c’est parce qu’il me fallait remonter le fil. Vous jugerez par vous-même sur la photo ci-jointe que l’affaire n’est pas simple…

 

Samedi 08 Décembre 2007

J+42    La Paz
Dans la matinée, nous visitons la « vallée de la lune », étrange labyrinthe de gorges et de pitons érodés. Certaines de ces formations rocheuses sont similaires aux « cheminées de fées » des Alpes, un bloc de roche dur se retrouve perché sur une aiguille de roche meuble grâce à une lente érosion. Pendant le déjeuner, on fait la rencontre de Jean-Pierre, un petit cireur de chaussure qui nous propose ses services… Autour d’un bon repas, nous discutons un peu de son quotidien. Jean-Pierre a 8 frères et sœurs, c’est beaucoup. D’autant plus que son papa est décédé et que sa maman ne peut survenir seule à leurs besoins avec ses maigres revenus. Ainsi, Jean-Pierre (il est apparemment né en France) travaille le matin de 7 à 12h et va à l’école par bonheur l’après-midi. Même si l’on ne le découvre pas, ça fait toujours mal au ventre de savoir que des gamins de 10 ans puissent déjà avoir de telles préoccupations. C’est malheureusement la réalité de millions d’enfants, de la plupart des enfants sur Terre d’ailleurs. Quoiqu’il en soit notre petit Jean-Pierre nous a quitté avec un grand sourire et du baume au cœur, ça laisse pensif… Suerte ptit bonhomme !
Dans un tout autre registre, en fin d’après-midi nous assistons à un curieux spectacle, qui connaît une véritable ferveur dans les quartiers populaires del Alto : « la lucha libre ». Semblable au catch, les combats opposent même des chollas (femmes en costume traditionnel) qui s’affrontent avec une certaine rage, cela fait partie du brutofolklore bolivien, étonnant !

 

Lundi 10 Décembre 2007

J+44    La Paz – Coroico: Death Road
La route entre La Paz et Coroico a officiellement été classée “route la plus périlleuse du monde”. Compte tenu du nombre d’accidents mortels, ce sinistre palmarès n’est pas usurpé, puisque plus d’une vingtaine de véhicule basculaient chaque année dans le vide. Aujourd’hui, une nouvelle route a été construite et le traffic passe désormais par cette dernière. L’ancienne route est donc essentiellement réservée aux cyclistes amateurs de sensations fortes!
Le départ se fait à 4700m au col de Cumbre. Après une heure de descente sur route asphaltée, nous empruntons la portion la plus dangereuse; une piste callouteuse de 3m de large, permettant tout juste le passage d’un véhicule. Bien que la circulation se fasse à droite en Bolivie, sur les routes des Yungas, le traffic descendant passe toujours à l’extérieur se rangeant sur les minuscules refuges en bord de précipice. Ainsi, c’est le chauffeur qui voit le mieux ses roues extérieures qui prend le plus de risques, c’est normal. Si dans notre descente folle nous ne croisons pas de véhicule, les 15h de bus du lendemain (même type de route) nous permettrons amplement d’apprécier la manoeuvre!! La descente est jalonnée d’à-pics vertigineux (jusque 600m), de surplombs rocheux, de cascades (qui érodent encore un plus la route), mais aussi de croix… Si l’adrénaline est bien sur au rendez-vous, les paysages aussi. La descente va nous emmener jusqu’à 1100m d’altitude. Nous passons donc en quelques coups de pédales de la rigueur du climat montagneux de l’altiplano à la touffeur des yungas, de la puna à la jungle tropicale: 3600m de dénivelé! Mélanie fait vraiment une jolie descente, elle n’a pas froid aux yeux, ce n’est encore pas là que je la sémerai! A l’arrivée nous découvrons une végétation luxuriante, une flore merveilleusement colorée. Au milieu des papayers, on admire le “baston de emperador” (grosse fleur rouge), le patujú (en forme d’épi) fleur emblématique de la Bolivie et une multitude de fleurs toutes plus belles les unes que les autres. A noter que Mélanie s’est mise petit à petit à la photo, résultat probant non?! Il faut dire qu’elle a eu un bon prof… Qu’est ce que vous voulez, c’est ça l’avantage de rédiger les carnets et comme je vous parlais de fleurs, je m’en suis jetté une au passage… prime de fin d’année!

 

Jeudi 13 Décembre 2007

J+47-49   Rurrenabaque (Amazonie bolivienne occidentale - Beni)
Baillalala la Pampa ! Nous voici partis pour 3 jours. La pampa (plaine en quechua) est un milieu naturel qui s’apparente à une savane inondée. Cette brousse est quasiment dépourvue d’arbres sauf le long des cours d’eau où l’on trouve la mangrove. Nous sommes dans le bassin amazonien. Cette immense région offre une biodiversité époustoufflante, chaque plante et chaque animal nous semblent inconnus (ex : sur la photo le guide nous montre une baie qui fait remarquablement office de  savon naturel). Bon nombre d’espèces restent d’ailleurs à découvrir si l’homme s’en laisse le temps… Même si cette zone que nous visitons (aux portes du Parc Madidi) est relativement intacte, la région est menacée par la construction d’une route et l’installation de colons, entraînant une recrudescence de l’exploitation forestière et de la culture sur brûlis. Notre escapade commence par une descente enchanteresse du cours du Rio Yacuma. La faune est au rendez-vous, notamment nos amis à plumes dont la variété et l’élégance nous fascinent.  Nous observons ainsi le ballet des grues blanches, la parfaite pose de grands échassiers, l’habilité des martins-pêcheurs, et les chatoyantes parures des aras, cardinaux ou autres toucans. On est comme des gosses à Disneyland (Mickey en moins). La découverte de nos proches congénéres nous amuse beaucoup. Ils ont tant de points communs avec Mélanie, c’est fascinant ! Notamment cette façon qu’on les petits de se faire porter sur le dos pour économiser tout effort… En photo, le chichillo amarillo ou singe jaune est particulièrement craquant. Son grand frère (non pas moi !), le mono ayudor (singe hurleur) plus imposant nous réservera le lendemain un réveil au clairon. Pour attirer les femelles et évincer les autres mâles prétendants, ils peuvent émettre des hurlements particulièrement impressionnants, les lions africains ne fairait pas mieux ! Quand on vous dit que c’est un proche cousin de l’Homme… aller faire un tour dans n’importe quel bar en fin de soirée ! Nous croisons aussi de gentils alligators et des caïmans noirs qui semblent flaner au soleil sur les berges. L’énergie solaire facilitent la digestion  de ces animaux à sang froid, certains touristes texans pèsent leurs poids, il en faut du temps ! Nous rencontrons aussi un énorme capibara, le plus gros rongeur de la planète.
Le lendemain on commence les choses sérieuses. On abandonne Pluto et Cie pour rejoindre le monde d’Indiana Jones. Ainsi, après avoir joué de la machette à l’avant de la pirogue (efficace le canif !), on arpente les marécages pendant plusieurs heures, de l’eau jusqu’à mi-cuisses pour débusquer un…anaconda ! Un américain aura le plaisir d’en voir un « petit » de 2m, le chanceux ! Remarque, il a dû les voir en version originale, les Indiana J. ; ça aide c’est sûr ! La « chasse » est rendue difficile à cause de la montée des eaux ; c’est la saison des pluies. Sa couleur noire/ marron assure à l’anaconda un camoufflage parfait dans ce milieu marécageux, notre meilleure chance étant de le trouver à paraisser sur la terre où il est aussi moins rapide. La pêche aux piranhas l’après-midi sera tout aussi infructueuse, et ceux-ci nous narguent en plus en surface. J’ai proposé à Mélanie de faire une pêche à la main mais elle n’a pas voulue, et elle se prétend être une co-équipière ! Le troisième jour nous laissera également un merveilleux souvenir puisque nous consacrons la matinée à nager avec des dauphins. Ce qui en soit est déjà sympathique. J’hésite d’ailleurs à vous préciser que ce dauphin d’eau douce appelé boto ajoute à sa robe grise de jolies teintes rosées. « T’as fais quoi hier ? » - « Boh, j’ai nagé avec des dauphins roses en Amazonie, et toi ? ».

 

Lundi 17 Décembre 2007

J+51    Rurrenabaque
De retour de notre aventure, nous retrouvons notre ami Thomas. Nous l'avons rencontré à Rurre où il est venu s’installer après avoir rencontré Suzanna, sa compagne (en habit de danseuse traditionnelle sur la photo). Aujourd'hui, il propose des randonnées à cheval, part en excursions comme traducteur et loue aussi ses « cabanas », très jolies qu'il a construit avec le savoir-faire de la communauté de San Miguel. Il nous raconte entre autre sa chasse à la tarentule qui à priori ont un penchant avéré pour les toits en ratata et les endroits frais et humides genre la douche ! Les bonnes bêbêtes… même pas peur ! Nous apprenons de nombreuses choses en sa compagnie comme par exemple le fait qu’un bananier ne donne qu’un régime. Ensuite, il faut le couper et une nouvelle pousse au centre donnera à son tour, en quelques mois seulement. Il faut dire que dans le bassin amazonien les plantes poussent avec une rapidité déconcertante, les bonnes comme les mauvaises. Nous parlons aussi de la culture sur brûlis qui se pratique sur des milliers d’hectares. Au mois d’août, celle-ci est si intense qu’elle provoque un énorme nuage de fumées sur La Paz, pourtant à 200kms. Si c’est un signal de fumée pour le gouvernement, soyez sûr qu’il ne passera pas inaperçu ! A ce propos, nous nous sommes procuré la Nueva Constitución. Evo Morales, le président, avait donné un an à l’Assemblée Constituante pour la rédiger. Certes, c’est peut-être peu. En tout cas, à quelques jours de l’échéance : nada (rien !). Les luttes intestines corrolaires aux partis politiques ont eu raison de ce bel élan progressiste, en somme, comme d’habitude les politiques ont préféré faire la « gueguerre » plutôt que de trouver des consensus pour aller de l’avant. Evo, pas content du tout les a incité à présenter une constitution dans les plus bref délais. Ce qui fut fait. Le problème est que la plupart ne l’ont pas lue… La nouvelle constitution a donc été votée en toute illégalité, à tel point que certaines régions de Bolivie veulent aujourd’hui leur indépendance, ne reconnaissant pas de fait la légitimité de cette nouvelle constitution et donc celle du pouvoir en place par la même occasion. Ce sont ces mouvements séparatistes qui ont récemment agité la capitale constitutionnelle : Sucre. Un fuerte abrazo a nuestro amigo Thomas, gracias para todo y hasta proxima Navidad en nuestra casa… (je te l’aurais bien écrit en elfique, mais…)

 

Mardi 25 Décembre 2007

J+58    Sucre – JOYEUX NOEL!!!
Après un petit détour à Cochabamba, nous voici à Sucre, capitale constitutionnelle de la Bolivie, La Paz étant le siège du gouvernement et des finances. Cette jolie cité aux murs chaulés a su préserver sa belle architecture coloniale. Elle est même inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1991. C’est ici que fut déclarée l’indépendance en 1825 grâce aux actions de Simón Bolívar – el libertador. Aujourd’hui, le mouvement semble perdurer et Sucre ou Chuquisaca se réclame comme « capitale pleine ». Sur la place centrale du 25 de mayo, les habitants sont invités à signer une pétition pour l’autonomie de la province de Chuquisaca et le refus de la nouvelle constitution. C’est une voie plus sage que celle empruntée il y’a quelques semaines qui coûta la vie de plusieurs personnes… C’est en tout cas très sérieux, les signataires doivent laisser leurs empreintes, un peu comme aux temps préhistoriques… Je m’explique. A quelques kms du centre, nous avons pu observer des traces de papattes laissées par des tout gros animaux tout vieux : les dinosaures ! En effet, en 1994, les ouvriers d’une usine de ciment en dégageant le terrain, ont découvert une paroi argileuse pratiquemment verticale portant plus de 6000 empreintes. Certaines mesure jusqu’à 80 cm de diamètre et révèlent le passage de plus de 150 espèces de dino : ça devait être l’A6 de l’époque, « l’autoroute du soleil » ! Nous avons également fait une petite rando sur un sentier précolombien dans la superbe Cordillera de los Frailes, formidable barrière multicolore entre les départements de Chuquisaca et Potosí. Nous avons réveillonné au restaurant de l’Alliance Française et profité d’un succulent repas avant d’assister à la traditionnelle messe de minuit. Comme vous pouvez le constater sur la photo, les Boliviens fabriquent des compositions qui représentent la naissance du Christ. Une fois baptisées, celles-ci seront disposées dans  un lieu de choix pour le repas de Noël en famille. A ce propos, nous avons eu le plaisir de pouvoir joindre nos familles par téléphone, c’était la première fois depuis le départ, un bon moment ! Nous profitons de l’occasion pour vous souhaiter, à vous tous qui nous suivez, de joyeuses fêtes. Profitez de vos proches, prenez soin d’eux et soin de vous. Gros bisous à tous de Denis et Mélanie… j’oubliais… et de Schkroumpf !!

 

Mercredi 26 Décembre 2007

J+59    Potosí
L’histoire de la cité peut se résumer par cet épigraphe qui figurait sur le premier blason de la ville : « Je suis la riche Potosí, Trésor du monde… Objet de convoitise des rois. » Nous voici donc aux pieds du « cerro rico » (le mont riche, à ne pas confondre avec la raclette...). La ville fut fondée en 1545 dès la découverte du précieux minerai, et bientôt, l’argent extrait finança l’empire espagnol. Pendant les années d’opulence, la cité devint la plus grande et le plus riche des Amériques. Elle comptait alors 200 000 hab. (Paris et Londres n’atteignaient alors pas les 100 000). Lorsque le filon commença à s’épuiser, la pauvreté s’abattit sur la ville.
Chaque coin de rue recèle une église. En effet, à la riche époque coloniale la ville en fit construire 80 ! La ville possède des trésors d’architecture dont l’imposant hôtel national des monnaies où furent frappés les premiers Potosís (pièces en argent de l’époque) dès 1572. Je vous ai joint une petite photo d’un panneau de signalisation que je trouvais amusant et réaliste. Vous avez vu ici les écoliers (comme tout un chacun) partent à l’aventure dès lors qu’ils essaient de traverser la rue. Les passages piétons ? Connais pas ! Le code c’est : je suis en voiture donc je suis plus fort que toi petit piéton, donc je klaxonne quand même pour te le rappeler, donc je passe, si tu me crois pas… tant pis pour toi ! La boisson qui figure sur un autre cliché et le mate de coca, une infusion de feuilles de coca. Si c’est la boisson préférée de Mélanie en altitude, les mineurs eux préfèrent mâcher directement les feuilles qu’ils stockent abondamment dans une joue. Ceci les aide à tenir le coup. Suivez nous demain dans les entrailles du Cerro Rico, aux portes de l’enfer…

 

Jeudi 27 Décembre 2007

J+60    Potosí – Cerro Rico
Voici une visite que nous ne sommes pas prêts d’oublier! Avant de pénétrer dans l’antre de celui que les mineurs dénomment affectueusement Tío (oncle) – jamais diablo – nous faisons halte dans un marché un peu spécial… C’est à cet endroit que les mineurs achètent tout ce dont ils ont besoin: feuilles de coca, cigarettes, alcool (96º!)… mais aussi acétylène et dynamite! Il est de bon ton d’offrir quelques présents aux mineurs en leur rendant visite. C’est ainsi que nous avons pû acheter de la dynamite en toute légalité, comme le gamin du quartier, ou le terroriste du coin… Nous découvrons ensuite dans un ingenio (fonderie) comment le minerai est concassé, comment on sépare les différents élèments qui le composent (plomb, zinc, silice…) pour obtenir enfin l’argent par tout un jeu d’actions chimiques et mécaniques. Nous voici parrés pour le grand plongeon, allez on y va! Dans les mines coopératives du Cerro Rico, les températures varient de moins de 0ºC à 45ºC aux quatrième et cinquième niveaux ! Exposés à toutes sortes de produits chimiques et de gaz nocifs (poussières de silice, arsénique, amiante...), la balade n’est pas des plus aisées. D’autant plus qu’il nous faut souvent ramper pour s’introduire dans les galeries, à 4200m d’alt., c’est franchement du sport ! Mais bon... nous n’y serons qu’une matinée et quelle expérience ! Les hommes (ou les gamins) que nous allons y croiser y passent eux, généralement 9,10 h par jour. Les conditions de travail n’ont guère changées depuis le début de l’exploitation, il y’a plus de quatre siècles. Les mines leur appartenant, les mineurs doivent produire suffisament pour gagner leur vie. Les salaires sont souvent maigres, en moyenne de 800 à 1500 bolivianos (soit 80 à 150 euros/mois). Selon le travail fourni et la qualité du minerai certains peuvent gagner plus. Ils se servent d’explosifs et d’outils qu’ils achètent eux-mêmes, y compris les lampes à acétylène qui permettent de déceler les poches mortelles de monoxyde de carbone. Quand on parle de pénébilité du travail, si il n’y’a pas d’indice maximum, j’en propose un. L’exposition quotidienne aux gaz et autres produits chimiques couplée à la dureté du labeur ne leur permet pas d’envisager une longue carrière, ni une longue vie... Beaucoup meurent de silicose après une quinzaine d’années passées dans la mine. Aussi pour conjurer le mauvais sort et oublier quelques instants leur difficile existence les mineurs organisent des cérémonies. Ainsi, on verse aux pieds de la statue de Tío un peu d’alcool, on lui place des cigarettes dans la bouche et des feuilles de coca à portée de mains. Puis les mineurs fument, machent de la coca et s’ennivrent ensemble, chacun sachant que sa condition vaut pour les « pottes aussi »...

 
 

Samedi 29 Décembre 2007

J+62 Salar d’Uyuni
Nous voici enfin partis pour la cerise sur le bateau ; le clou du pestacle bolivien : le circuit du sud-ouest. Cette région est un exceptionnel ensemble de paysages grandioses : de l’aveuglante blancheur du Salar aux  lagunes multicolores du Sud Lipez en passant par des foyers d’activité géothermique, bienvenue sur la planète beauté ! Avant de rejoindre le Salar, nous faisons halte au cimetière de trains. De vieilles locos, qui autrefois servaient au transport du minerai, stagnent là, au milieu du désert , le temps de voir passer le train... Nous rencontrons ensuite les habitants du pueblo de Colchani. La grande majorité vit de l’extraction du sel et de son conditionnement, les autres de l’artisanat (figurines en sel...). Nous voici à présent sur le Salar. Plus vaste réserve de sel au monde, le Salar d’Uyuni s’étend sur 12000km² à quelques 3650m d’altitude et le sel atteind par endroit jusque 12m d’épaisseur. Vestige d’un ancien lac évaporé, cette vaste étendue saline est une accumulation de minéraux. Lessivés des montagnes, ils viennent se déposer au point le plus bas. En effet, cette partie de l’Altiplano est endoréique, ce qui signifie que ses cours d’eau se perdent dans les terres, le  sel n’est donc pas drainer en aval, vers un cours d’eau plus important et se dépose ainsi peu à peu. Nous profitons du cadre pour faire quelques photos-montage comme le veut la tradition et surtout parce que ça nous amuse beaucoup... La suite du périple nous emmène sur la ravissante Isla Incahuasi. L’île semble flotter sur le Salar. Envahie par de gigantesques cactus dont certains pourraient avoir 1200 ans, elle est entourée par une mer blanche de plaques de sel hexagonales. Il est bien difficile de décrire de tels paysages par des mots. Je vous laisse donc rêver au travers des photos...

 

Dimanche 30 Décembre 2007

J+63 Sud-Lipez
Et c'est parti pour les lagunes… Une bleue, une jaune, une blanche, une verte… Ouais sympa, même si encore une fois cela ne vaut pas le Lac des Corbeaux à La Bresse. Bon ok, le spectacle laisse sans voix. De toute manière, depuis les mines de Potosí, j'en ai plus beaucoup. Je crois avoir contracté une méchante infection à la gorge qui a au moins l'avantage de reposer Mélanie… Quoi que la petite souffre toujours de l'altitude, ils sont beaux les aventuriers!! Ces lacs riches en minéraux aux couleurs irréelles sont en plus peuplés de 3 espèces de flamants roses (F. du Chili, F. des Andes et F. de James) qui ne dénotent pas dans le paysage. Après environ 200 kms de piste cahoteuse, nous passons de l'irréel au surréel. Emporté par sa course, notre monture, un 16 (4X4 pour les puristes), dérappe, perd le contrôle et fini sa course en traversant une toile de Salvador! Cette perte de contrôle in-opinel, ne manqua pas de lui faire friser les moustaches. Heureusement, comme vous le constatez sur la reproduction photographique ci-jointe, l'arbre de pierre ( arbol de piedra) est intacte. Dalí, sû peindre avec brio ces paysages de Gala. Sans doute prit-il ses rouges dans le giron de la Laguna Colorada. Ce lac perché à près de 4300m couvre une superficie de 60 km², mais ne dépasse pas 80cm de profondeur! Son intense coloration provient des algues et du plancton qui prospèrent dans ses eaux riches en minéraux (gypse, sodium, borax…). Les sédiments du lac abondent en microfossiles (les diatomées), utilisés dans la fabrication de nombreux produits: engrais, peintures, dentifrice… Ceux-ci servent également d'agent filtrant pour l'huile, les produits pharmaceutiques, le kérosène mais aussi la bière et le vin. Nous ne croiserons pas les éléphants de Dalí, mais seulement quelques vigognes (camélidés de la famille du lama) et quelques viscaches (chienchienhideux de la famille du chinchilla). Mélanie pourtant, la coca aidant, me dira en avoir vu un tout gros, tout rose, la chanceuse…

 

 

Lundi 31 Décembre 2007

J+64 Sud Lípez (Reserva Nacional de Fauna Andina Eduardo Evaroa)
Réveil aux aurores pour voir le levé du soleil sur les geysers de Sol de Mañana. Les mares de boue bouillonnante et les vapeurs sulfureuses n'invitent pas Mélanie à la baignade. A 4850m d'altitude, elle se sent vraiment mal et l'on redescend vite, la fin du "calvaire altitude" pour elle. Quelque chose me dit que l'on ne fera pas l'ascension du K2 l'an prochain… Les paysages au levé du soleil sont d'une exceptionnelle beauté. Nous arrivons ensuite à la Laguna Verde. Ce magnifique lac bleu-vert, perché à 4400m, doit sa superbe couleur à l'importante concentration en carbonates de plomb, de souffre, d'arsenic et de calcium. Bref, mieux vaut ne pas boire la tasse! Derrière le lac se dresse le cône du volcan Licancabur (5960m) à la physionomie parfaite. Voici le carnet de route du 31 déc. 2007, j'attends après un gagnant au jeu pour écrire celui du 1er janvier 2008…

 

Mardi 01 Janvier 2008

J+65 Volcan Licancabur
Réveil à 3h du matin, dur, dur ; je n'ai pratiquement pas fermé l'œil de la nuit à cause de cette maudite infection à la gorge. Nous montons à bord du 4X4 qui doit nous amener à 4800m pour le début de l'ascension. Je suis accompagné par un couple de jeunes Allemands, qui séduit par l'idée de gravir le Licancabur le 1 er de l'An, c'est joint à moi. C'est des sportifs, mordus d'escalade, ça ne devrait pas leur poser de problèmes. Au bout de quelques kilomètres, la roue arrière gauche décide de continuer sa route seule… Bon, et bien ce sera sans nous aussi puisque c'est ! Le guide déjà peu engageant avait fini de ne pas nous rassurer, nous savions que nous étions entre de mauvaises mains, Alea Jacta Est, le 4X4 aussi… Bref, il nous faut continuer à pieds, avec de sérieuses interrogations sur la marche à suivre ou plutôt à ne pas suivre… Néanmoins, la motivation est bien là et j'ai tout fait pour y être aussi, là. Nos incertitudes se dissipent avec les premières lueurs du soleil, après tout nous n'avons besoin du guide que pour nous indiquer le chemin, l'ascension n'est pas périlleuse en soi, seulement éprouvante. Il nous faut 2h30 pour atteindre le pied du volcan, le « vrai » départ prévu. A 10h Max et Ada (les amis Allemands), décident de redescendre (ça fait déjà 6h que nous marchons), Max n'est vraiment pas en jambes et c'est bien normal… Niveau calorifique et énergétique, on est un peu « light » comme on dit : 2 barres de choco et un petit pain chacun + un litre d'eau. On pourrait croire que c'est pour rendre un émouvant hommage à 2 amis qui firent un 5200 dans de pareilles conditions ;-) mais il n'en est rien. C'est simplement tout ce que j'ai pu acheter un 31 décembre dans une région aussi désolée que le Sud-Lipéz. En somme, ce n'est pas ça qui va nous mettre « la patate » ! Tout le long de l'ascension, la vue sur la Laguna Verde est une merveille. Il me faudra encore 4h30 pour rallier le sommet. Un vent violent fouette le sommet et les eaux bleues-vertes de la lagune nichée au cœur du cratère. Le gros œil qu'elle semble figurer, la terrible ascension et l'anneau que je porte autour du cou ne sont pas sans me rappeler un certain personnage de Tolkien… Et puis après tout à 5960m je peux encore bien délirer ;-) Une « Bonne Année » virtuelle à tous mes proches et il faut penser à redescendre. La descente skiée dans les chutes de pierres s'avère très amusante au départ et puis, au bout d'une heure, la fatigue aidant, j'ai hâte d'arriver en bas ! Je suis à bout de forces, au bout du rouleau, j'ai envie de crier « famine », j'ai les jambes en coton, les bras en mousses, le moral dans les godasses, l'estomac dans les talons et les pieds en compotes, j'en ai marre quoi… En tout la « promenade » aura durée 14h. En redescendant, j'ai l'impression que certaines pierres évoquent des visages, des animaux. Ce n'est de toute évidence pas une hallucination, je lirai plus tard que le cratère aurait abrité une civilisation pré inca. Aucune pierre n'est mise en évidence, suis-je le seul à l'avoir remarqué ? Je ne pense pas, mais l'idée même de découvrir une civilisation perdue m'exalte et contribue encore à l'euphorie d'une telle journée. De retour à « l'auberge », à bout de forces (je crois avoir été assez explicite), je rêve d'un bon repas chaud. Malheureusement, si le Sud-Lipéz est une région désolée, la patronne du gourbi elle aussi est désolée : elle veut pas cuisiner, rien, nada, niet ! Bon bah dodo. Voici une première journée bien remplie…