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Jeudi 21 Aout 2008

J+ 297 De Huay Xai à Luang Prabang: la vie est un long fleuve tranquille…
Bonjour tout le monde. Nous voici déjà au Laos... Je vous propose de commencer ce voyage tout en douceur, au fil de l'eau.
A la frontière, après m'être muni d'un bon millions de kips (moins de 80 euros), j'embarque sur un slow boat ou bateau lent avec d'autres falang comme moi (étranger) et des Laotiens. Nous voici sur le fameux Mékong, véritable artère aorte du Laos qui, rapellons-le, ne possède pas de fenêtre maritime. Prenant sa source à plus de 4000km de la mer sur le plateau tibétain, le Mékong traverse le Laos sur toute sa longueur. Au sud du pays, près de Si Phan Don, il atteind 14km de large en saison des pluies, contournant des centaines d'îles et îlots.
La balade est fantastique et nous avons la chance d'avoir en plus le soleil avec nous pendant ces 2 jours de navigation. En glissant sur le fleuve, j'observe à loisir la vie des petits villages au bord du fleuve ou encore ces curieuses embarcations mi-bateau, mi-maison. En France, on appelerait ça une péniche, mais celles-ci sont particulières vous ne trouvez pas?
Les paysages sont splendides et en cette saison, lorsque le ciel est clément, il y a une luminosité fantastique qui révèle une palette de verts remarquable.
Le deuxième jour, comme on va être deux fois plus nombreux, on part sur un bateau deux fois plus petit. Au fur et à mesure des arrêts, on charge des gens, des poulets, du riz… Ca devient vite un beau bordel alors forcément, la croisière s'amuse! Il ne manque plus que ce bon vieux Goffer!
Revenons-en au Mékong. Depuis des millénaires, il est l'élément vital du Laos, et on estime qu'en Asie du Sud-Est, ce sont 50 millions de personnes qui dépendent du fleuve. A la différence d'autres grands fleuves, une série de rapides a empêché d'en faire une voie navigable majeure. Or, le potentiel hydroélectrique du fleuve attire aujourd'hui toutes les convoitises et fait craindre « une folie des barrages ». Outre les enjeux écologiques de ce type de structures, on peut s'interroger si ce développement profitera plus aux Laotiens ou aux multinationales en charge de la construction, comme ce fut le cas pour la construction des routes par des entreprises chinoises. De toute façon, on en revient toujours aux même types de débats. N'est-il pas insensé que l'on n'ai conçu que récemment, que le développement se devait d'être "durable". C'est plutôt logique non? Je pense qu'en descendant du singe, on a du tomber de l'arbre…
Bref, trêve de polémiques Victor, le Laos s'annonce comme une authentique destination authentique…

 

Dimanche 24 Aout 2008

J+ 300 Luang Prabang – J+300 !
Cette charmante petite ville est un incontournable d'une visite au Laos. A la confluence de la Nam Khan et du Mékong, l'histoire de cette petite bourgade n'est pas étrangère à la nôtre. En effet, après l'installation d'un vice-consul dans la capitale royale, fin XIXème, Luang Prabang devint bientôt l'un des postes favoris des colons français. La ville est aujourd'hui le premier site touristique du pays : temples resplendissants, architecture coloniale, marchés artisanaux... La vie s'y déroule paisiblement. Les enfants sont aériens. Quand il n'y a pas de manège pour se griser de vitesse, les racines d'un banian font bien l'affaire pour avoir le grand frisson. Peu de cris, peu de pleurs, beaucoup de rires et de sourires. Laissez-moi vous raconter mon 300ème jour de voyage...
5h00. Alors que Paris s'endort, Denis s'éveille. J'ai envie d'avoir une grande journée et j'ai prévu pas mal de choses. Et puis, au Laos, on se couche tôt et on se lève tôt, une sorte de grippe aviaire locale. Plus sérieusement, on se couche tôt aussi parce qu'il y a un couvre-feu. Les jeunes qui veulent allez en boîte ont intérêt à être vite fait dans l'ambiance parce qu'à 23h30, ça ferme ! Je me disperse. Donc, me voici dans la rue. Vers 5h30, 6h00, les moines partent en procession pour demander l'aumône. C'est un balais chatoyant de robes safran qui s'étiole à mesure que le soleil se lève. NB : quand il pleut il ne reste pas pour autant dans la rue.
Je me rends ensuite au marché de frais. C'est vrai, c'est frais. Au milieu d'aliments, sinon identifiables, assez rassurants, grouillent des bestioles peu ragoûtantes qui sont pourtant là pour être ingurgitées. Criquets, vers, et crapauds se débattent dans des sachets plastiques alors qu'oiseaux, lézards et rongeurs en tout genre attendent pour faire pitance. Tout ça m'a mis en appétit, je pars petit-déjeuner. Une fois repu, je me loquifie sur le banc d'une pirogue pour gagner un petit village où a justement lieu une course de pirogues. « C'est la fête au village, les parents, les enfants ont... ». Je ne saurai plus dire la suite mais l'idée est là. Les « Musclés » étaient des génies créateurs incompris.
[ Tiens en parlant d'eux. Vous savez que Ti Pimouss, alias le Grand Directeur Artistique de notre association, est fan. Il a récemment été voir un concert de Bernard Minet, à la suite de quoi il m'a dit texto : « franchement, c'était bien. » Et dire que je joue aussi de la musique avec cet énergumène...]
Après avoir assisté aux joutes « piroguistiques » je m'immerge dans cette sympathique fête de village. Les chansons s'improvisent entre deux parties de petang ou de flèchettes. Au stand saucisses, la Beerlao coule à flot et il y a fort à parier que le lao-lao suivra (whisky local).
Je saute ensuite à l'arrière d'une mobylette pour regagner Luang Prabang où j'attrappe in extremis un mini-van pour les chutes de Kuang Si. Une sorte de triathlon pour feignant: pirogue, mob, mini-van. Rien à voir avec celui de Gérardmer (aller Caro!).
Les chutes sont splendides, et encore, en cette saison l'eau est marron. Qu'en est-il lorsque celle-ci est turquoise ? C'est en montant au sommet de celles-ci que survient « le drame ». Vous connaissez le concept maintenant. Ma claquette gauche ; déjà bien malade, m'abandonne à seulement 200m du haut. La brave aura attendu le 300ème jour pour rendre l'âme… Dans un dernier souffle elle me confiera : "tu pues des pieds! » ; j'attendais autre chose.
Enfin, je profite du déluge pour me balader au marché de nuit, plaisanter avec les commerçants ; tout en goûtant aux spécialités pour 2 francs, 6 sous (ici on dit 15 baths, 3000 kips). Une grande et belle journée à l'image de beaucoup durant ce voyage. Voir plus loin, ca donne des ailes...

 

Jeudi 28 Aout 2008

J+304 Région d'Umdoxay : à la rencontre des villageois…
Nous voici tout au Nord du Laos, à moins de 100km de la Chine. Les provinces du Nord Laos (Phongsali, Luang Nam Tha, Udomxay) permettent de faire de splendides randonnées en allant à la rencontre des habitants de petits villages. J'ai en plus la chance de profiter des conseils avisés du Docteur Etienne GEHIN (Cornimont) qui, avec son épouse et l'Association des Amis de Lorraine, ont réalisé des choses fantastiques dans de nombreux villages de cette zone, que ce soit en terme de santé ou d'éducation. Quand on sait les journées à rallonges qu'ont les médecins, je trouve remarquable de passer ses congès à venir en aide aux plus démunis. C'est sûr Etienne : c'était une vocation! Bravo pour votre dévouement et merci pour eux...
Me voici donc parti avec Douangtha. Professeur de Français à Udomxay, elle va non seulement me servir de guide mais aussi d'interprète. C'est judicieux car les habitants des petits villages où nous allons ne parlent pas un mot d'anglais ou de français. Non, allemand non plus. Remarque, ça serait marrant ! Et puis Douangtha, qui est par ailleurs bien sympathique, est aussi membre de l'association.
La vallée est splendide. Le couvert forestier est remarquable et le reste des terres étant occupé par des champs de maïs ou des rizières, la palette des verts est pour le moins généreuse. Il y a une incroyable variété de papillons et d'insectes. La coccinelle locale se fait appeler « tortue dorée », mignon non ? Mignon aussi l'histoire de ce criquet qui faisait la court à une cybersouris [cf photo]. Si ça marche, on aura une « criqris ». Envoyez vos dessins et gagnez… non j'rigole !
Je ne peux évidemment pas vous raconter tout ce que j'ai vécu pendant deux jours dans ces petits villages. Je vous livre donc un morceau choisi qui m'a particulièrement touché. Au village Khamu de Houay Ho, après avoir pris le déjeuner avec le chef du village (ils sont 3 en fait) nous nous baladons dans le village et mon visage de falang ne manque pas de faire pleurer les tout petits, normal. Mais non c'est pas parce que je fais peur! C'est parce que je suis blanc, étranger… et j'ai une de ces touffes de cheveux J! Avant de partir, je veux distribuer les gâteaux que j'ai ramené pour les gamins. C'était quelque chose. Une douzaine de gamins et quelques mamans étaient autour de moi. Dans un silence quasi religieux, tout doucement, après que je les y ai encouragé, chaque gamin s'est avancé très calmement pour recevoir son petit gâteau. Ils l'ont ensuite mangé, lentement, pour laisser durer le plaisir. C'est ce genre de choses que je viens chercher dans le voyage. Un seul instant comme celui-ci suffirait à justifier ce périple…

 

Dimanche 31 Aout 2008

J+307 Des transports à la grotte…
Ah le Laos! Quel bonheur de voir tous ces paysages magnifiques défiler lentement, mais alors lentement… Tout commence par une journée de transport pour gagner Vang Vieng. Je pensais pas vraiment y consacrer autant de temps en fait. 400km, ça paraît pas être le bout du monde, et pourtant, ici, presque. On met 14h, soit une moyenne de 28km/h, c'est honnête, si l'on est en vélo! Quand au premier trajet jusqu'à Luang Prabang, j'ai cru qu'on finirait siamois avec mes voisins tellement nous étions entassés!
[D'ailleurs y a un jeu (cf petit avion en haut de page)… J'espère que tu vas jouer cette fois-ci, c'est gratuit, sans obligation d'achat, pas d'OGM non plus, remboursement de la gratuité du jeu en cas de perdage. Alors je serais toi…]
Malgré tout, cela valait bien la peine! La région est vraiment splendide. Le vert surnaturel des rizières offre un contraste saisissant avec les énormes massifs karstiques qui ensserrent la vallée: la Baie d'Ha Long dans une mer de riz. C'est vraiment magnifique. Comme on est dans une région karstique, il y a des grottes un peu partout. Petit rappel: le karst est un paysage façonné grâce à l'érosion dans des roches solubles carbonatées (calcaire, craie, marbre…). On trouve ainsi des formes de corrosion en surface, mais aussi en profondeur du fait de la circulation d'eaux souterraines. Autant vous dire qu'encore une fois, j'ai fait mon Indiana Jones. C'est après avoir rampé dans les galeries que je me suis rendu compte que je n'étais pas vraiment tout seul. Mais j'ai survécu au face à face Vosgespattes/Huitpattes. Je suis pourtant claustrarachnophobe, comme quoi on peut dépasser ses peurs. Et puis, il n'y a pas que des petites bébêtes dans ces grottes… Ca fait tout bizarre en relevant la tête avec sa frontale de tomber nez à nez avec une statue de Bouddha. Certaines salles sont vraiment gigantesques et peuvent atteindre près de 100m de haut à vue de nez. Ma dernière phrase m'amène à penser que nous avons le monopôle des expressions débiles: à vue de nez… alors monsieur a le tarin clairvoyant, c'est cela?
Au dehors, les insectes font un festival, j'ai l'impression d'être un naturaliste qui découvrirait sans cesse de nouvelles espèces étonnantes. Et dire qu'ils ont peut-être pensé la même chose de moi en me voyant sortir de la grotte tel un épouvantail boueux. Je ne leur en tiens pas rigueur car les insectes sont nos amis, il faut les aimer aussi…

 

Jeudi 04 Septembre 2008

J+311 Vientiane – un capitale toute en langueur...
Perché à l'arrière d'un tuk-tuk, je me fais déposer au centre-ville. Ah ! Dans mes souvenirs Remiremont est plus effervescente que cette capitale que je découvre avec amusement. Après avoir déposé mon sac, j'ai presque peine à trouver un endroit pour ne pes manger seul, même la promenade au bord du Mékong est quasi déserte. Il faut dire que la capitale compte moins de 300000 habitants et il est bon je crois de rapeller que nous sommes dans un pays communiste, ce qui implique une certaine « discipline »... Malgré tout, la jeunesse vientianaise se débrouille au possible pour transgresser un tant soit peu les règles et la forte communauté d'expat. contribue à cet élan.
En tout cas il y a comme un parfum de France ici. Quoi de mieux qu'un bon bordeaux avec une tartine de con bò cu'ò'i (Vache qui rit) sur les rives du Mékong. Je m'apperçois d'ailleurs que j'ai oublié de m'octroyer ce petit plaisir, quel idiot ! Et puis, outre les demeures coloniales, ce so french se retrouve dans toute l'architecture de la capitale. Vientiane a donc son « Arc de Triomphe » où courent à ses pieds les « Champs-Elysées » version locale. Oui, parce que là, il faut dire ce qui est, ça casse pas 3 pattes à un canard ou 4 roues à un tuk-tuk comme in dit par ici. Bon je ne critiquerai pas, les geôles laotiennes, très peu pour moi ! La presse est d'ailleurs bien policée et l'hebdo en français Le Rénovateur n' échappe pas à la règle !
Si la capitale compte quelques jolis temples comme le Vat Si Saket et sa myriade de bouddhas, j'ai pour ma part beaucoup apprécié l' étonnant Xieng Khuan qui tient plus du surréalisme que de l'art religieux. Le but de son fondateur était de fusionner les philosophies, les mythologies et l'iconographie hindouiste et bouddhique. J'avais lu que ce parc enchantait toujours les enfants alors j'ai bien sûr pris Schkroumpf avec moi, qui comme vous le voyez c'est bien amusé ! Je suis content de voir que moi aussi j'ai adoré, c'est si dur de garder un peu son âme d'enfant...

 

Samedi 06 Septembre 2008

J+313 Pakse et le Plateau des Boloven
Nous voici à présent tout au Sud du Laos. Le Plateau des Boloven est réputé pour son climat agréable, ses cascades spectaculaires, son excellent café... et figure aussi parmi les régions les plus bombardées au cours de la seconde guerre d'Indochine. Au début du XXème siècle, les colons français commencent à planter des caféiers, des hévéas et des bananiers. Mais la plupart des planteurs quittèrent le pays après l'indépendance dans les années 1950 et les autres suivirent lorsque les bombardements américains s'intensifièrent à la fin des années 1960. La zone devait être stratégique si l'on considère le nombre effarant d'engins explosifs non désamorcés (UXO) qui s'y dissimulent encore.
Après 2, 3 conseils pour maîtriser ma bécane (eh ! 110cc !), je pars donc à la découverte de cette jolie région. Tout l'art consiste à sortir des sentiers battus en faisant attention de ne pas trop en sortir. Vous avez vu Steven Seagal dans « Terrain miné » ? Moi non plus. D'ailleurs je n'ai pas besoin de ça pour me faire des frayeurs ! Je voulais descendre aux pieds des belles chutes que vous admirez en photo. Le sentier semble disparaître peu à peu, le sol est glissant au possible et les racines plus ou moins pourries peinent parfois à supporter ce gros lourd d'Indenis Vosges (bof). A mi-chemin, un précipice de 100m m'oblige à admettre que « Ok ! On peut pas aller en bas ». Encore une fois, il a fallu la jouer fino (comme le chien de Sophie) pour prendre la chute tout en l'évitant. J'espère que tu me suis, mais fait attention, ça glisse !
Plus loin (oui ça m'arrive d'aller voir plus loin), je rencontre deux vaches qui veulent en découdre tout au bord d'une autre grande cascade. C'est fou comme ce pays change d'une région à l'autre : vache qui rit, vache qui pleure.
Hum, hum ! Les Laven (Boloven signifie « patrie des Laven ») constituent le plus important groupe ethnique du plateau. On trouve également de nombreuses minorités : Alak, Katu, Tahoy... et c'est toujours assez magique d'aller à leur rencontre. Une cabane avec des pneus et une bâche bleue semblait avoir remplacée la PS3 dans ce village aux enfants rieurs. Si Jason et Bryan ne sont pas sages, vous savez quoi faire, 1.90€ au brico !
On discute, on discute, mais pendant ce temps, figurez-vous que je suis déjà au Cambodge ! Après une petite étape au coeur des « 4000 îles » qui paraissent sur le Mékong, tout au Sud du Laos, j'ai gagné notre avant-dernière destination. Alors on se retrouve très vite de l'autre côté, continuez à nous suivre, merci !