Visites
 

Mercredi 10 Septembre 2008

Quelques jours avant la fin de l'année scolaire, je suis allée faire une visite surprise à l'école de Rupt sur Moselle. J'ai eu envie de raconter et de partager mon voyage si formidable, malgré mon retour forcé en France. Comme avec tous les établissements scolaires, nous avons correspondu par la magie d'Internet. Ma visite a suscité de nombreuses réactions ; J'ai donc répondu avec enthousiasme, aux nombreuses questions, aussi intéressantes les unes que les autres. Les enfants ont pu se rendre compte que leurs conditions de vie étaient exceptionnelles. En effet, dans tous les pays traversés, la vie quotidienne des autochtones est très dure, la pauvreté leur empêche souvent l'accès à l'école. C'est en leur citant de nombreuses anecdotes, très marquantes, que j'ai ressenti leur étonnement devant tant de disparité avec leur condition de vie. Ils se sont ainsi rendu compte de la chance qu'ils ont, ici en France. Un élève a réagi en me disant : « quelle chance j'ai de pouvoir prendre une douche chaude tous les jours, d'allumer la lumière juste en tournant un bouton, je penserai à tous ces enfants, qui eux n'ont pas ma chance » :
Cet élève m'a offert le plus beau des cadeaux en me disant cela. Le message que j'ai voulu transmettre à été compris par tous; quel bonheur ! Par ailleurs, j'ai eu la joie de découvrir et d'admirer la splendide exposition (voici quelques petites photos en avant première ) Les élèves de CE1, CM1, CM2, et leurs enseignants ont fourni un travail de qualité. Vous aurez la possibilité de venir observer cette exposition à la fin de notre périple. L'aventure de «Voirplusloin» continue, la suite du programme est la suivante : (Inde ) Le voyage s'achèvera fin octobre. J'en profite pour transmettre un grand bonjour à tous les établissements scolaires qui ont aussi correspondu avec nous. Je n'ai pu rendre visite à tous depuis mon retour, mais ce n'est pas pour autant que je les oublie. L'aventure continue, rendez-vous à tous les élèves et à leurs enseignants, pour suivre la fin de notre périple.

 

Mercredi 10 Septembre 2008

J+317 Province de Kratie – Premiers pas au Cambodge...
Avant dernière étape les enfants... D'un point de vue historique, nous sommes toujours dans l'ancienne Indochine française et, comme le Laos, le Cambodge est partout marqué par l'héritage plus ou moins positif de l'occupation. Ce n'est néanmoins pas sous la tutelle des Français que le pays connaîtra les heures les plus noires de son histoire. Après trois décennies de guerre civile et de terreur, le Cambodge s'ouvre tout doucement au monde. Le petit royaume est l'une des destinations les plus authentiques d'Asie et malgré des années de massacres, de misère et d'instabilité politique, les Cambodgiens sont parvenus à garder leur sourire.
Depuis un moment déjà nous suivons le cours du Mékong comme tu l'auras certainement noté. A Kratie, notre première halte, j'ai ainsi rendez-vous avec une espèce de dauphin d'eau douce singulière et malheureusement menacée : les dauphins de l'Irrawaddy. J'aurai la chance d'en observer mais bon c'est pas Flipper non plus donc pour les photos... elles sont dans la tête. Je pars ensuite en balade dans la campagne environnante. Les « hello mister » ne manquent pas et petits et grands semblent plutôt contents de voir ma tête, sans doute se moquent-ils :-) Une chose m'interpelle assez rapidement. 1/3 des femmes sont en pyjama, et ce, à n'importe quelle heure de la journée. Jusqu'aujourd'hui, pas d'explication spécifique si ce n'est que c'est confortable, amusant !
Au milieu de cette campagne je visite un très joli vat moderne (temple) aux couleurs chaudes. Dans un autre, je découvre de curieuses fresques murales qui présentent une vision du Paradis et de l'Enfer pour le moins explicite et violente.
Ici, des forgerons travaillent comme il y a un siècle ou un millénaire. Là, des enfants jouent dans des flaques boueuses tandis que d'autres, hauts comme trois pommes, s'entraident pour piloter le vélo à maman. Que c'est agréable de plonger dans une carte postale en 3D...
[Qu'est ce que je fais sur la photo ? Bah, je mange une grosse araignée pourquoi, t'aimes pas ?]

 

Samedi 13 Septembre 2008

J+320 Phnom Penh – retour vers l'horreur...
Nous voici dans la ville que vous n'avez jamais réussi à prononcer pendant les cours d'histoire-géo, la capitale cambodgienne : Phnom Penh. Bon, je préfère annoncer tout de suite la couleur, ça fait 320 jours qu'on rigole bien ensemble, il fallait que ça cesse ! Ainsi, ce carnet n'aura rien d'amusant et pour cause, j'ai choisi de vous parler des heures les plus sombres de l'Histoire cambodgienne : le régime khmer rouge.
Après la prise de Phnom Penh, les Khmers rouges entamèrent la restructuration la plus brutale et radicale qu'une société ait jamais tentée : leur objectif était de transformer le pays en une coopérative agricole maoïste dominée par les paysans. Quelques jours après leur prise de pouvoir, ils vident la capitale et les villes de province de tous leurs habitants et les obligent à gagner la campagne. Ceci explique d'ailleurs en partie pourquoi la population rurale représente encore 85% de la population aujourd'hui. Répartis en équipe, les malheureux sont littéralement réduits en esclavage et travaillent de 12 à 15h par jour. A l'avènement du régime, proclamé «Année zéro », la monnaie, les services postaux ou encore les liaisons aériennes (sauf 2 vols par mois vers Pékin...) sont supprimés. Le pays est coupé du monde extérieur.
Le tristement célèbre Pol Pot sans doute inspiré par ses prédécesseurs de la première moitié du XXe siècle, suis la marche logique de la mise en place d'un régime totalitaire et commence par épurer les rangs au sein des Khmers rouges.
Après s'être occupé dans les premiers jours de supprimer les hauts dignitaires de l'ancien gouvernement, la violence prend le chemin des campagnes, on veut «purifier » le peuple. On ignore encore le nombre exact de Cambodgiens massacrés par les Khmers rouges pendant les 3 ans et 8 mois que dura le régime. Les études les plus récentes font état de 2 millions ! Ceux qui échappaient à l'exécution risquaient néanmoins de mourir de malnutrition et/ou de maladies comme le paludisme et la dysenterie.
Le 25 décembre 1978, deux choses merveilleuses se passent : je vis mon premier Noël (et là, tout le monde s'en fout) et le Vietnam envahit le Cambodge et renverse le régime de Pol Pot en 2 semaines. Malheureusement, cette invasion s'accompagne d'un effondrement social et économique. Les récoltes sont détruites ainsi que les stocks de riz et 1979 sera une année de famine au Cambodge.
Quant aux anciens dirigeants Khmers rouges, ils fuient vers l'Ouest à l'arrivée des troupes vietnamiennes et j'ai presque envie de dire qu'ils courent encore. En effet, l'histoire ne s'arrête pas en 1979 (pour nous si, après si cela vous intéresse faudra acheter un bouquin, je ne suis pas wikipédia :-). Le plus horrible est sans doute que beaucoup des responsables du génocide, à l'exemple de Pol Pot même en 1998, sont morts dans la dernière décennie de vieillesse !
Les photos que vous voyez proviennent du musée Tuol Sleng. En 1975, les forces de sécurité de Pol Pot investirent le lycée Tuol Svay Prey et en firent la prison de haute sécurité 21, appelée S-21. Ce fut bientôt le plus grand centre de détention et de torture du pays. Entre 1975 et 1978, plus de 17000 détenus du S-21 furent massacrés au camp d'extermination de Choeung Ek, en périphérie de Phnom Penh. Les cellules, les dortoirs, les salles de tortures demeurent quasiment en l'état, à peine a t-on nettoyé le sang qui souille ces pièces. Oui, cela a existé, en 1975, un fou furieux a parlé de «détruire » des personnes et il s'en est trouvé pour le suivre... une des pages les plus noires de notre histoire contemporaine, mais quand finit le livre des horreurs ?

 

Mardi 16 Septembre 2008

J+323 Battambang, un train pas bateau…
Entre Phnom Penh et Siem Reap, les deux principaux pôles touristiques du Cambodge, je fais une halte à Battambang où j'ai rendez-vous avec un train « pas comme les autres », le nori qu'on appelle souvent aussi le bamboo train. Je vous explique le concept : tu prends deux essieux, un « radeau » en bambous de 2m sur 1.5m, un moteur de sèche-cheveux (j'exagère), tu y mets les gosses, les bananes, les poules et le Français qui trouve ça rigolo et c'est parti !
Il ne faut pas croire que c'est n'importe quoi (euh, si en fait). Il y a des règles très strictes quand on voyage en nori. Ainsi, lorsque deux convois se rencontrent, c'est au moins chargé de faire place nette, ce qui prend moins d'une minute, le chrono s'améliorant si c'est un train en face ! J'apprends que durant la guerre civile, les Khmers rouges ayant supprimées les liaisons ferroviaires, les gens utilisaient ces wagonnets artisanaux pour faire circuler les marchandises. En tout cas, il n'y a pas besoin d'aller à la vitesse du TGV pour avoir des sensations. Compte tenu de l'état des rails et de la conception même du véhicule, je peux vous dire qu'à 40km/h, tu pries déjà tous les Saints !
Pour me rendre là-bas, j'ai eu recours au taxi local : le moto-dop. En chemin, je bavarde longuement avec le moto driver, Sin. J'apprends qu'il a 3 enfants et que son fils aîné, Komphak a 12 ans. Je lui demande s'il est possible de l'interviewer car, comme vous le savez peut-être, dans chaque pays j'interroge un enfant de 12 ans sur sa vie, sa famille, ses rêves, etc… Il se trouve que le petit bonhomme est à l'image de tous les enfants cambodgiens rencontrés : souriant, gentil… Ils sont franchement adorables. Comme vous voyez, cette petite famille ne vit pas dans le luxe. Il se partage une petite maison en bois que Sin a fabriquée avec des amis. Komphak, Sotheara et la petite Kiriko grandissent vite et le salaire de papa ne suffit que pour les besoins essentiels, Sin s'inquiète quant à la scolarité de ses bouts de chou. Si cela vous tente de parrainer un de ces gamins, j'ai l'adresse… (Ce n'est pas grand-chose).
Le lendemain matin, j'embarque sur un bateau pour rejoindre Siem Reap. Je ne regrette pas mon choix de gagner les fameux temples d'Angkor par les eaux car la balade est franchement superbe. Nous suivons dans un premier temps le cours de la Stung Sangker avant de déboucher sur le plus grand lac d'Asie du Sud-Est : le Tonlé Sap. Tout au long du parcours, j'observe à loisir la vie des petits villages sur pilotis que nous croisons. Beaucoup s'affairent à la pêche tandis que d'autres s'adonnent à la causerie avec plaisir et comme toujours… en pyjama ! Les enfants, pour qui le passage du bateau est toujours un événement, nous font coucou sur leur balcon en nous lançant des bisous de la main. Comment ne pas aimer un pays et un peuple si accueillant…

 

Samedi 20 Septembre 2008

J+327 Angkor et Angkor des temples…
Eh oui, à un mois du retour, mon humour détonnant ne faillit pas… dommage pour toi ! Nous allons donc finir ce parcours au Cambodge en beauté, aux fameux temples d'Angkor. Pour une fois, j'ai su me donner du temps. A force de voyager avec moi-même, j'apprends à me raisonner. J'ai donc consacrer trois jours à la visite de ce site gigantesque, sans faire un templathon et en prenant le temps. Car si tout le monde connaît Angkor Vat, et même si c'est le plus vaste, il ne s'agit que d'un temple parmi un ensemble archéologique de plus de 400km² !
Un peu d'histoire…
Angkor est l'ancienne capitale de l'empire khmer et prospéra du IXe au XVe siècle. Les capitales de l'empire khmer étaient aménagées autour des temples et un système complexe d'irrigation composé de canaux, douves et réservoirs fut construit pour répondre aux besoins en eau tant d'un point de vue agricole que religieux. Au travers des siècles et des règnes, les temples profitèrent tour à tour des influences hindouistes et bouddhiques. Ceci contribuera à donner au style angkorien son cachet unique. Classé au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'Unesco, le site fait encore aujourd'hui l'objet de nombreux programmes de préservation et de restauration. Lorsque l'on voit l'ampleur des travaux de réhabilitation, sorte de puzzle ou plutôt de casse-tête géant, on peine à imaginer que des hommes ont fait de même il y a un millénaire avec des moyens rudimentaires. Mon coup de cœur va au Ta Prohm que j'ai eu le bonheur de découvrir quasiment seul, sous une pluie torrentielle. Ce dernier est envahit par les fromagers, non, pas les commerçants, les arbres. Si je ne savais pas bien pourquoi on nommait ces arbres ainsi, il m'a suffit de les découvrir pour comprendre rapidement. Le cadre est si exceptionnel qu'il a été la toile de fond de plusieurs films à l'exemple de Tomb Raider ou Deux frères. Selon certaines sources, il pourrait même figurer dans le fantastique documentaire Voir plus loin. Cela reste à confirmer. A confirmer aussi, le déclin d'Angkor et son abandon en 1431. Les travaux les plus récents révèlent qu'Angkor était bien l'un des plus vastes complexes urbains de l'ère pré-industrielle, bien plus étendu que ce que l'on croyait jusqu'alors. Les experts en tirent la conclusion que cette extension de la capitale de l'empire khmer n'a vraisemblablement pas été sans conséquences pour l'environnement et que les problèmes écologiques (déforestation, dégradation des sols, érosion) liés à ce développement ont peut-être contribué à la chute de l'empire.
Schkroumpf qui, je vous le rappelle, s'intéresse de très près à l'art kalmouke de la 2° moitié du XIXème et aux oripeaux dans les sociétés primitives, a une théorie tout autre et bien plus réaliste : ils en ont eu marre, voilà tout !